Alors que Google affronte une nouvelle étape clé dans son procès antitrust, le litige se resserre sur son hégémonie dans la recherche locale. Cette phase pourrait non seulement démanteler un monopole présumé, mais aussi révéler les rouages de la recherche locale du géant.
Après avoir été culpabilisé pour monopole lors d’un premier procès, le combat judiciaire contre la dominance de Google dans le secteur de la recherche n’est pas encore terminé. Dans un nouveau rebondissement, le procès se concentre désormais avec plus de précision sur la mainmise du géant sur le marché de la recherche et des annonces locales.
Cette action en justice, menée d’abord par Yelp, un concurrent du moteur de recherche, a accusé Google d’avoir “monopolisé et abusé de son contrôle sur la recherche locale et la publicité locale”, marquant un tournant dans le cadre du procès, qui laisse présager une importante transformation de la recherche locale et du SEO local.
La juge a rejeté la demande de Google de classer l’affaire, permettant ainsi au procès de se poursuivre sur cette base. Rien que par son déroulement, le procès lui-même pourrait révéler les mécanismes internes de ses algorithmes de recherche locale.
La décision en demi-teinte de la justice
Même si la juge a reconnu que Google détient un monopole sur le marché de la recherche et des annonces locales, elle a rejeté la thèse de Yelp selon laquelle le géant aurait instrumentalisé sa dominance dans la recherche générale pour rediriger ses utilisateurs et s’arroger un avantage déloyal dans l’expansion de sa part de marché de la recherche locale.
Pour la magistrate, le recours antitrust de Yelp, notamment son accusation de lien abusif (tying claim), reste ambigu. Cependant, la cour a octroyé un délai à l’équipe juridique de Yelp pour reformuler cette accusation.
Malgré cela, L’équipe de Yelp se dit satisfaite de cette décision préliminaire, déclarant: “Cette décision représente une avancée majeure dans notre procès contre Google. Comme nous l’avons plaidé face à leur requête, et comme le tribunal l’a reconnu, les agissements anticoncurrentiels doivent être scrutés à la lumière des faits.”
Prescription légale et pratiques anticoncurrentielles
Ce nouveau rebondissement du procès repose sur quelques questions clés à élucider. D’abord, le statut des délais de prescription (statute of limitations). Même si la juge accepte que le recensement des pratiques anticoncurrentielles de la part de Google rentre dans le délai de quatre ans établi par la prescription légale, les pratiques exclusionnistes en l’absence de contrôle durable du marché ne suffisent pas à établir une chronologie claire des infractions.
Autre question centrale : si Google avait commis des actes exclusionnistes après son renforcement sur le marché de la recherche et des annonces locales, ce qui pourrait déclencher un redémarrage de la prescription légale.
La cour accorde ainsi un délai à Yelp pour déterminer comment amender leurs accusations de lien abusif (tying claims). Cette étape sera suivie d’une phase d’instruction (découverte), qui servira à établir les preuves concrète
Un procès révélateur – comment le géant verrouille le marché
Si cette phase du procès a attiré beaucoup d’attention, il s’agit surtout de la possibilité du premier aperçu plus détaillé sur les rouages de la recherche locale. De même, le procès lui-même, même s’il peut prendre des années, pourrait transformer le marché du search local et les stratégies SEO qui y sont liées.
Plusieurs fonctionnalités et composantes du pack local de Google pourront être mises sous la loupe pour mieux inspecter leur impact anticoncurrentiel. Ainsi, le déploiement de services comme Local Service Ads et Google Screened/Guaranteed pourrait constituer une infraction en étant qualifié de pratique exclusionniste.
Il s’agit d’un véritable test juridique qui pourrait aussi retarder le déploiement des fonctionnalités de l’IA Search ou imposer des restrictions sur l’intégration de services locaux dans ses algorithmes.
Si le marché du search local est dominé par l’écosystème Google, la dislocation d’une emprise quasi-totale impliquerait également l’émergence d’un nouveau modèle de recherche diversifié tout en étant compréhensive et transparent.